Pierre Bizel, coordinateur du projet à l’Observatoire de la Santé du Hainaut, détaille les étapes de la mise en place du site Générations sans tabac dans le Domaine du bois d’Havré. Il donne aussi des conseils pour ceux qui souhaiteraient initier une telle démarche.
Pouvez-vous nous décrire le projet que vous avez entrepris dans le cadre de Générations sans Tabac ?
« Tout a commencé par l’initiative de l’Alliance pour une société sans tabac, dont l’Observatoire de la santé du Hainaut est membre, de lancer son programme « Générations sans Tabac ». C’est un concept qui nous a immédiatement intéressé car il permet en collaboration avec les autorités, les organisations de la société civile, les entreprises privées, les particuliers… de transformer des lieux fréquentés par de nombreux enfants et jeunes en environnements sans tabac. Les enfants et les jeunes ont le droit de grandir et jouer dans un environnement sans tabac. Le Domaine Provincial du Bois d’Havré à Mons sur lequel est implanté l’OSH a été tout naturellement le lieu de ce projet pionnier. Une collaboration très étroite entre quatre institutions provinciales a ensuite permis de dénormaliser le tabagisme sur le Domaine. »
Quatre institutions qui décident de travailler ensemble pour transformer leurs terrains en environnements sans tabac…c’est impressionnant. Pourquoi ont-elles décidé de se lancer dans le projet ?
« L’Observatoire de la santé du Hainaut, Hainaut Sports – Maison des Sports, l’école l’Orée du Bois et Hainaut Ingénierie Technique, sont des institutions provinciales implantées dans un vaste parc, lui-même entouré par le bois d’Havré. De nombreuses écoles avec leurs enseignants et des clubs sportifs le fréquentent quotidiennement. Le site reçoit aussi de nombreuses visites de professionnels et parents. Par la nature des institutions qui y sont installées et les visiteurs que le domaine accueille, c’est à l’évidence un lieu de santé, de sports, et de nature. Quoi donc de plus logique de proposer aux jeunes qui y sont présents, une alimentation équilibrée au mess, les meilleures conditions d’activités physiques et de les préserver du tabac ? »
Comment avez-vous procédé en pratique ? Qui a participé au processus ? Et comment s’est déroulée le trajet ?
« Tout d’abord, dès le lancement de Générations sans Tabac, les Autorités provinciales ont voulu soutenir cette initiative et se sont engagées au respect de la Charte de l’Alliance pour promouvoir une première génération sans tabac dès 2019. Le projet dans sa phase de préparation a intégré un inventaire des lieux où les jeunes pouvaient voir fumer des adultes et un travail de coordination interinstitutionnelle afin de réduire fortement le nombre de points fumeurs et d’aménager des espaces précis pour les fumeurs. Hainaut Ingénierie Technique a pu prendre en charge les abris et leur installation. A noter que ceux-ci sont opaques pour soustraire les fumeurs éventuels à la vue des jeunes et visiteurs. Une signalétique spécifique a été décidé ensemble et placée aux endroits les plus fréquentés du domaine informant des nouvelles modalités. »
Comment avez-vous communiqué sur cette initiative au sein de vos institutions et au grand public (visiteurs, clubs de sport, employés, …) ?
« La communication sur les changements à venir s’est faite dans plusieurs directions :
- Très en amont, vers des agents provinciaux, fumeurs et non-fumeurs, travaillant sur le site, et l’internat de la Maison des sports dans des réunions spécifiques,
- vers les groupes visiteurs du domaine, écoles et clubs sportifs, via des affiches, dépliants, courriers,
- vers le service de communication de la Province du Hainaut et les institutions impliquées dans le projet,
- par la production d’un bulletin « Respirer » largement diffusé pour les professionnels du Hainaut,
- au travers d’évènements de promotion et lancement (webinaire, inauguration),
- vers les institutions (campus, communes) ou organismes (Adeps) souhaitant se lancer dans Générations sans tabac,
- en relayant les étapes de développement du projet au sein même de l’Alliance »
Comment les visiteurs/employés/clubs de sport/… réagissent-ils au projet ?
« Très positivement. Il faut rappeler qu’une très large majorité de non-fumeurs et de fumeurs, sont favorables à davantage de mesures de protection des jeunes. Les premiers parce qu’ils ne voudraient pas que leurs enfants fument et les fumeurs parce qu’ils souhaitent s’arrêter. Nous ne sommes pas du tout à contre-courant des opinions avec ce projet. »
Quels conseils donneriez-vous à des communes qui ont envie de lancer des environnements (aires de jeux, terrains de sport,…) sans tabac ?
« En quelques mots, je conseillerais tout d’abord de s’inspirer d’expérience à succès de proximité en Belgique, et d’associer les parties prenantes au projet (décideurs locaux, responsables d’institutions, usagers des espaces, …) dès le début. L’engagement des autorités locales par la signature de la Charte Générations sans tabac, et donc leur nécessaire soutien, peut marquer le début du projet. Il représente un moment de communication privilégié. Le processus peut parfois prendre des mois, voire années, si on le veut participatif. Il demande quelques moyens financiers pour l’investissement dans des abris pour les fumeurs. Les communes et leurs services peuvent être, évidement là, de précieux relais. Je conseillerais aussi de contacter les responsables de Générations sans tabac pour obtenir les visuels nécessaires à la signalétique et une labellisation à l’installation des espaces sans tabac. Associer Générations sans tabac à une amélioration de la qualité de l’environnement, comme par exemple la lutte contre les déchets du tabac dans l’espace public (mégots) et la qualité de vie est un atout. »