Depuis le Covid 19, la digitalisation de notre société se fait de plus en plus rapide. La numérisation généralisée de tous les services s’inscrit à la fois dans la politique belge via la stratégie #Smartnation mais également au niveau de la communauté européenne par le programme « Décennie numérique 2020-2030 ». Ces changements dans notre manière de prendre contact, de nous informer et de trouver des solutions ont un grand impact sur l’ensemble des citoyens et particulièrement pour les personnes les plus vulnérables. 61 % des seniors de 65-74 ans sont en situation de vulnérabilité numérique.

Avoir accès à un ordinateur, à un smartphone et à une connexion internet n’est pas le frein le plus important à l’inclusion numérique à l’heure actuelle. Développer ses compétences dans l’utilisation des nouvelles technologies, comprendre les processus et oser faire les démarches sont souvent des freins plus importants. La population senior est de plus en plus confrontée aux difficultés liées à l’utilisation des nouvelles technologies. Dans un contexte de vieillissement de la population (20 % de la population belge a 65 ans ou plus), l’enjeu des inégalités sociales numériques se marque de plus en plus dans ce groupe de population. Ainsi si de nombreux seniors possèdent et utilisent un smartphone, un ordinateur, une tablette, les chiffres montrent qu’il reste un groupe affichant un niveau de vulnérabilité numérique important (61%) soit parce qu’ils n’utilisent pas internet (16 %), soit parce qu’ils détiennent de faibles compétences numériques (45 %) (Baromètre de l’inclusion numérique 2024).

Comme d’autres secteurs de la vie quotidienne, la santé est également impactée par cette évolution. La digitalisation de la santé apporte à la fois de nombreuses solutions mais exclut une partie de la population souffrant de plusieurs fractures numériques. Les données montrent que les disparités entre populations avec des compétences numériques élevés et faibles sont significatives, ainsi 1 utilisateur sur 2 (52%) avec de faibles compétences n’utilisent pas les services de l’e-santé (Baromètre de l’inclusion numérique, 2024). « Or les personnes âgées constituent un groupe dont la santé a tendance à se fragiliser et dont les besoins de recourir aux soins de santé sont par conséquent susceptibles d’être plus important.  L’usage des services de santé en ligne soulève, dès lors, un enjeu particulier au regard de ces publics, en particulier les plus défavorisés sur le plan socio-économique. (Baromètre de l’inclusion numérique, 2022) ».

En effet, prendre un rendez-vous médical, obtenir une prescription, obtenir les résultats d’un examen n’est pas chose aisée pour les seniors et peut avoir un réel impact sur leur parcours de soin. Le médecin généraliste est de moins en moins disponible pour répondre à leurs questions et parfois les recherches sur Internet ne font qu’augmenter l’incompréhension et l’anxiété.

Il est dès lors nécessaire d’envisager les besoins en matière de soutien à l’utilisation concrète (procédure, manipulation, confiance en soi…) des technologies et également à la compréhension des informations trouvées (recherche pertinente, esprit critique, mise en perspective dans un parcours de vie…). Amener une population plus vulnérable à ces multiples fractures à devenir acteur de leur santé en permettant l’emploi efficient de nouvelles technologies est un enjeu majeur de notre société.

Hainaut Senior en collaboration avec l’Observatoire de la Santé du Hainaut propose de répondre aux besoins en matière d’inclusion numérique en santé grâce à un projet subsidié par la Fondation Roi Baudouin. Ainsi le projet a pour objectif d’augmenter les compétences en matière numérique via une formation à l’utilisation des plateformes de santé (réseau wallon, Helena…) et un soutien à l’accès à l’information (Internet, réseau sociaux…) mais également en terme de compréhension et d’implication des différentes informations en matière de santé. Il s’agit de permettre d’avoir tout au long de la vie un bon niveau de littératie en santé et ainsi d’agir sur les inégalités sociales.