En 2023, 665 nouveaux cas d’infection par le VIH ont été diagnostiqués en Belgique dont 53 en Hainaut représentant une augmentation de 13 % par rapport à 2022. Cette hausse des diagnostics observée au cours des trois dernières années illustre que la tendance à la baisse régulière enregistrée depuis 2013 s’est inversée. Tous les groupes de population sont touchés par l’augmentation des cas de VIH : les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les femmes et les hommes hétérosexuels. Les personnes entre 30 et 49 ans et les 60 ans et plus sont particulièrement concernés*.

Aux débuts des années 90, les campagnes de prévention et de sensibilisation se succédaient au fil des mois et des années sur de multiples et différents supports de communication. Elles mettaient essentiellement en avant l’utilisation du préservatif pour se prémunir d’un virus dont la transmission aurait des effets d’emblée délétères sur la santé, voire mortels. Depuis, il y a eu des traitements. Ceux-ci ont constamment progressé. Cette formidable avancée scientifique et médicale a entrainé une perception différente du VIH au sein de la population. Ces traitements permettent en effet aujourd’hui de vivre avec le VIH, laissant ainsi disparaître une possible perspective létale. Ils permettent aux personnes infectées de ne plus transmettre le VIH. Tout se passe désormais comme si cette infection s’était banalisée. La représentation du VIH s’est modifiée de manière à ce que celui-ci « ne fait plus peur ». Les campagnes de prévention au tournant des années 2000 n’ont pas été abandonnées mais elles sont moins fréquentes**. On ne met plus autant en avant l’accent sur la peur dans les campagnes de prévention, notamment en raison de nouveaux concepts tels que l’indétectabilité, qui montrent qu’une personne séropositive sous traitement efficace ne transmet plus le virus. Cela permet également de lutter contre la stigmatisation en promouvant des messages de solidarité et d’inclusion.

Le VIH n’apparaissait plus au travers des médias comme une préoccupation de santé publique. Ce manque de visibilité médiatique a sans doute contribué à influencer les attitudes et les comportements dans les différents groupes de population. Aujourd’hui il est clair, face à cette augmentation des cas d’infection par le VIH et contre sa transmission, que la prévention redevient nécessaire. Concrètement, l’utilisation du préservatif est en recul alors qu’il est un des éléments majeurs pour éviter l’infection par le VIH mais aussi par d’autres infections sexuellement transmissibles (IST), en l’occurrence la syphilis, la gonorrhée et la chlamydia et ce d’autant plus que les personnes atteintes d’une IST sont plus à risque d’infection par le VIH si elles y sont exposées.

Le VIH peut se transmettre lors de rapports sexuels non protégés (sans préservatif) avec une personne infectée par :

-Pénétration vaginale

-Pénétration anale

-Fellation (risque faible pour la personne faisant la fellation)

Il peut également se transmettre lors d’un partage d’aiguilles contaminées (le risque par transfusion a disparu dans nos pays) ou de la mère à l’enfant (grossesse, accouchement, allaitement).

Les moyens de prévention contre le VIH proposés depuis plusieurs années sont diversifiés et peuvent être combinés les uns aux autres :

-Utilisation du préservatif (préservatif externe, préservatif interne, digue dentaire, doigtier ou gant)

-Dépistage régulier

-Traitement des personnes infectées pour prévenir les transmissions sexuelles

-Prophylaxie préexposition (PrEP) qui consiste à prendre un médicament antirétroviral pour éviter d’être contaminé par le VIH.

-Prophylaxie post-exposition

En cas d’exposition à risque, il est recommandé de consulter un professionnel de santé le plus tôt possible pour un premier test. Un second test peut ensuite être réalisé 6 semaines ou 3 mois après la prise de risque, selon le type de test utilisé.

L’étude de Sciensano indique que certaines personnes sont exposées au VIH sans être conscientes du risque qu’elles courent et qu’elles n’adoptent donc pas les mesures de prévention appropriées. Bien que l’utilisation de la PrEP chez les hommes ayant des rapports avec les hommes continue de croître, l’augmentation du nombre de diagnostics dans ce groupe suggère la persistance de lacunes dans la couverture. D’autres groupes à haut risque rencontrent des obstacles pour accéder à la PrEP et l’utiliser efficacement. Il est aujourd’hui fondamental et décisif de poursuivre les efforts de prévention en matière non seulement de VIH mais aussi des IST. Celles-ci soulèvent une autre question préoccupante : celle de la multirésistance des IST aux antimicrobiens.

Dans la mesure où différents moyens de prévention efficaces pour réduire le risque de transmission du VIH existent, il est important de les faire connaître par des actions de sensibilisation ciblées en direction de certains publics et en population générale et peut-être d’en élargir leur accès.

*Source : Sciensano-Registre du sida et communiqué de presse de Sciensano 7.11.2024

https://www.sciensano.be/fr/coin-presse/les-diagnostics-de-vih-sont-en-hausse-en-belgique

**G. Paicheler, Sida et communication préventive : la fin des routines ?, Actualités et dossier en santé publique, n°40, septembre 2002.

Pour plus d’informations :

https://preventionsida.org

https://depistage.be/depistage/hainaut/

https://univers-sante.be